Aude
Parcourons ensemble les rues de Chartres, cité au cœur de l’Eure-et-Loir, à la recherche du passé de notre patrimoine.
Découvrir de nombreux lieux culturels à l’histoire étonnante
Explorez un patrimoine hors des sentiers battus
La chapelle Saint-Eman
Lorsque je me promène en ville, je ne peux m’empêcher de penser à l’histoire des monuments que je parcours. Si je connais celle de la collégiale Saint-André, je n’ai jamais pris le temps de m’intéresser à celle de la chapelle Saint-Eman ou du prieuré Saint-Vincent. Des lieux que je peux parcourir aujourd’hui dans le cadre d’expositions du Chemin des Arts.
Selon la légende, Eman ou Amand était un des évangélisateurs de la région. Originaire de Cappadoce (région historique de la Turquie), il aurait parcouru l’Europe et aurait été ordonné à Orléans. Sa renommée aurait grandi à Chartres grâce aux nombreuses conversions qu’il aurait opéré. Cela serait une des raisons pour lesquelles des brigands l’auraient assassiné, non loin d’Illiers-Combray. Revenons à Chartres. L’origine de la chapelle Saint-Eman remonterait donc à un ermitage qu’il aurait fondé à son emplacement actuel, un édifice propice à une retraite spirituelle.
La chapelle semble avoir été construite aux alentours du 9e siècle. Elle est devenue un prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Florentin de Bonneval. Au 12e siècle, une confrérie de pénitents gris s’y serait installée. À la révolution, le lieu est vendu et connaît une restauration en 1880. La chapelle est bénite la même année. Après 1905, elle est la propriété du département puis, la Ville de Chartres devint locataire des lieux. Longtemps désaffectée, la chapelle accueille désormais des expositions consacrées à l’art de la mosaïque contemporaine sous l’égide de l’association Chartres Les 3R.
Le prieuré Saint-Vincent
Pour sa part, il aurait été fondé en 860 avec sa chapelle par un prêtre du nom de Renaud. Au 11e siècle, il devient la propriété des moines de Bonneval comme la chapelle Saint-Eman. En 1628, un séminaire s’y serait installée. Cependant, il semble peu à peu dans l’oubli. Une 2e tentative d’établissement voit le jour mais n’aboutit pas. Il est alors investi par les sœurs de l’Union Chrétienne avant d’être vendu à un particulier en 1764. Dans les années 1960, la Ville de Chartres en devient propriétaire et décide de le transformer dans les années 1990 en atelier d’artiste et en lieu d’exposition.
La chapelle Saint-Julien et l’hospice royal des aveugles de Chartres
L’histoire de ce lieu est intimement liée à celui d’un autre monument de Chartres, celui de l’hôpital royal des Six-Vingt Aveugles de Saint-Julien et de Saint-Gatien.
En 1291, un bourgeois de Chartres du nom de Sire Renaud Barbou, un familier du roi, obtient de Philippe Le Bel l’accord pour la fondation d’un hospice pour aveugles chartrain. Il s’établit dans les faubourgs de la ville, non loin de l’actuelle place Drouaise.
En 1356, le Roi Jean II et son aumônier constate qu’il est nécessaire d’améliorer les conditions de vie des pensionnaires de l’hospice. Elles sont alors calquées sur celles des Quinze-Vingt de Paris, une institution similaire. Il faut savoir qu’à l’époque, les revenus étaient maigres et que leur quotidien reposait sur de la charité publique. Par ailleurs, des matériaux du bâtiment les accueillant étaient utilisés pour le renforcement des remparts de Chartres.
En 1432, il est complétement dévasté même s’il est rénové, et encore exploité par la suite. Mais, en 1478, Jean Plumé, un gestionnaire du domaine royal, fait donation d’un terrain à l’hôpital royal des aveugles. Il se trouve au sein de la paroisse de Saint-André, soit dans l’actuel rue Saint-Julien (autrefois nommée rue Neuve-Saint-André). L’hospice dispose ainsi d’une extension au cœur de la ville fortifiée. Suite au siège de la ville de 1568, les pensionnaires désertent complètement les faubourgs pour s’installer dans leur nouveau logement. De plus, Charles IX autorise également l’édification d’une chapelle.
Cette institution n’a pas perdu sa vocation pendant la Révolution. Cependant, en 1837, les aveugles abandonnent définitivement les lieux. L’hospice est alors à l’abandon puis entre dans le patrimoine de la ville en 1974. Aujourd’hui, l’endroit est devenu le théâtre du Seuil. C’est le culte des arts vivants qui y est célébré à travers une programmation diversifiée.
Le couvent des Cordeliers et son cloître
Comme l’hôpital royal des aveugles, l’histoire du couvent des cordeliers est liée au siège de 1568. En effet, un premier couvent s’était installé hors des remparts de Chartres en 1231, dans ce que l’on appelait le faubourg des Épars, soit l’actuel Grand-Faubourg. Il fut détruit lors de la période troublée du siège et fut reconstruit à l’intérieur des fortifications de la cité près de la porte Saint-Michel (à l’emplacement de la rue du même nom aujourd’hui).
Après 3 ans de travaux, le couvent des cordeliers n’est toujours pas achevé. Seule son église a été terminée en 1586. Les matériaux nécessaires à son édification ont été détournés pour l’élévation des fortifications de la ville.
Lors de la Révolution, en 1789, son église sera employée pour l’élection des députées à l’Assemblée constituante (avant d’être démolie). Quelques années plus tard, en 1793, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux et deviennent la propriété du département. Des institutions scolaires s’y succèdent pour devenir en 1887 : le Lycée Marceau. Une bibliothèque départementale y sera également établie de 1804 à 1837.
C’est étonnant de découvrir comment ces édifices religieux ont traversé le temps pour devenir des lieux d’expression artistique. Des lieux dans lesquels ils m’arrivent aujourd’hui de me rendre à l’occasion de certains rendez-vous culturels.
Le cloître à colonnes toscanes du couvent des cordeliers peut encore être admiré lors de manifestations culturelles organisées par le Conservatoire de musique et de danse de Chartres ou exceptionnellement à l’occasion d’événements tels que Entremets, festival gastronomique y ayant organisé un dîner.
La chapelle des Carmélites
Les Carmélites font partie un ordre religieux catholique, elles s’établissent à Chartres en 1614. Elles acquièrent des terrains non loin de l’actuelle rue Muret, auprès de l’Ordre de Malte, en 1659. Ils y édifient leur couvent ainsi qu’une chapelle qui est consacrée en 1668. Ce qui est remarquable avec ce monument, c’est que sa façade représente un rare exemple de l’architecture religieuse du 17e siècle, particulièrement bien conservée.
Durant la Révolution, la chapelle des Carmélites est laissée à l’abandon et connait plusieurs transformations puisqu’elle devint un tribunal criminel. Elle voit la condamnation de nombreux membres de la bande d’Orgères. Une bande de brigands qui sévissait à travers la Beauce durant le règne de Louis XVI et au début de la période révolutionnaire. L’ancien couvent héberge pour sa part une prison. C’est dans ce quartier qu’on procède aux exécutions capitales quand elles sont publiques. La guillotine cesse d’y tomber en 1931.
Ce lieu n’a pas perdu sa fonction aujourd’hui encore, il est utilisé à des fins judiciaires. De plus, il est l’une des étapes du jeu de piste proposé par Qui Veut Pister et en vente à C'Chartres Tourisme.
J’espère que cette promenade à Chartres vous donnera envie de découvrir ou de parcourir à nouveau ces lieux lors d’événements culturels et d’y porter un tout autre regard.
Pour la rédaction de cet article, je me suis notamment basée sur le livre "Chartres par rues, tertres et monuments" de Guy Nicot. Un livre dont je ne peux que vous recommander la lecture pour en savoir plus sur notre patrimoine chartrain.