Aude
Entrez dans l'intimité du Séminaire des Barbelés, une initiative extraordinaire au sortir de la Seconde Guerre mondiale !
Visiter un lieu de mémoire chargé de souvenirs
Entrer dans les coulisses de l'Histoire
Qu’est-ce que le Séminaire des Barbelés ?
Après la Seconde Guerre mondiale, environ 38 500 soldats allemands ont été emprisonnés dans un camp au Coudray, non loin de Chartres. C’est en ce lieu qu’une singulière initiative a vu le jour. L’idée était de créer un séminaire pour réunir les étudiants germanophones en théologie et former ainsi le futur clergé allemand dans une philosophie de réconciliation franco-allemande. L’Abbé Stock, lui-même ayant le statut de prisonnier de guerre, est en charge de sa direction sous la responsabilité de Monseigneur Harscouët, évêque de Chartres.
Ainsi, les séminaristes de tous les camps de prisonniers en France furent réunis à Chartres pour commencer ou poursuivre leurs études. Le nombre d’étudiants par promotion allait de 400 à 500. Aujourd’hui, le Séminaire des Barbelés peut se visiter et permet de se plonger dans la mémoire de ce lieu.
1 # Des enseignants eux-mêmes prisonniers
Le corps enseignant du séminaire était constitué de prêtres et professeurs réquisitionnés dans des camps d’officiers mais pas seulement… Plusieurs enseignants vinrent volontairement d’Allemagne et acceptèrent le statut de prisonniers. Par ailleurs, certains d’entre eux étaient laïques.
2 # Le réfectoire, un lieu à la fois d’études et de vie
L’appel au réfectoire se faisait au son d’un marteau frappé sur de l’acier. Ici, on mangeait les repas autour de longues tablées. Malgré le grand nombre de séminaristes, tout se passait dans la plus grande discipline. Chacun disposait de sa place attribuée. Le séminaire avait sa propre cuisine. Au menu, on retrouvait le plus souvent une soupe chaude constituée de pois et farine de soja, apportée au réfectoire dans de grands récipients. Peu nourrissante, la faim était souvent la compagne de ces jeunes séminaristes.
C’est également dans cette salle commune qu’étaient donnés les cours et conférences.
3 # Le futur pape Jean XXIII vint au Séminaire des Barbelés
Des hôtes de marque venaient rendre visite aux séminaristes. Lorsqu’un visiteur était annoncé, un drapeau d’or et de blanc était hissé. Il était placé à la table des professeurs sur une estrade dans le réfectoire. L’Abbé Franz Stock le saluait et s’adressait ensuite aux étudiants. Des évêques de France et d’Allemagne vinrent à leur rencontre dont notamment celui de Chartres, Monseigneur Harscouët, qui venait souvent et célébrait la messe avec eux.
Monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII se rendit au séminaire à 4 reprises. Lors de sa dernière visite, le 5 avril 1947, il ordonna prêtres 4 séminaristes et prononça les paroles suivantes :
« Le séminaire de Chartres honore aussi bien la France que l’Allemagne. Il apparaît comme prédestiné à devenir un symbole de l’entente et de la réconciliation. »
4# De la musique au Séminaire des Barbelés ?
Un chœur et un orchestre se produisaient lors de célébrations données dans le Séminaire des Barbelés. De quoi enrichir toute représentation qui s’y passait !
5 # Le dortoir était surnommé « Le palais des glaces » pendant l’hiver
Le dortoir occupait une grande superficie du bâtiment dans lequel se trouvaient les séminaristes. Il était équipé de plusieurs rangées de châlits à 3 niveaux placés les uns à côté des autres. Seuls 2 poêles à bois chauffaient l’ensemble. Ainsi, en hiver, le dortoir était donc surnommé le "palais des glaces". De plus, la charpente était infestée de punaises… C’est un des exemples des conditions de vie dans le camp. Les séminaristes restaient des prisonniers. Ils avaient uniquement accès à de l’eau froide pour leur toilette mais aussi pour laver leur linge (dont ils devaient s’occuper eux-mêmes).
On peut donc comprendre pourquoi lorsque le soleil illuminait le bloc 1 du camp de prisonniers où se trouvait le séminaire, les étudiants en profitaient pour lire ou travailler dehors. L’espace de leur bloc était assez important pour se permettre une promenade ou la pratique d’un sport. De quoi s’aérer l’esprit et tâcher d’oublier les barbelés entourant le séminaire de Chartres !
Pour en savoir plus...
C'est à travers cette vidéo réalisé par les éditions Jade et le centre européen de rencontre Franz Stock en 2006 que nous avons pu remonter le temps et en apprendre plus sur la vie au sein du Séminaire des Barbelés.
N'hésitez à vous rendre ce lieu marquant une page de notre histoire ! Ouvert toute l'année, sa visite guidée vous permettra d'en apprendre davantage sur la vie de Franz Stock, son directeur, mais aussi sur cette épisode d'après-guerre dont il est important de se souvenir.