À quoi ressemblait la cathédrale de Chartres au Moyen Âge ?

Photo rédacteur - Aude Montaudon

Aude

Aujourd’hui, je vous propose un voyage dans le temps jusqu’en 1194.

Admirer un monument classé au patrimoine de l'UNESCO dans ses moindres détails 

Des techniques architecturales inédites

En cette année où notre récit commence, le feu ravage la cathédrale érigée par Fulbert. L’incendie épargne la crypte, où est conservée la Sainte Chemise, ainsi qu’une des façades du monument. C’est après cet événement dramatique que vont se bâtir les fondements de la cathédrale gothique de Chartres, telle qu’on la connait aujourd’hui.

 

Trois portails pour accueillir des visiteurs de tous horizons    

Il n’était pas conventionnel à l’époque de disposer de trois entrées pour accéder à une cathédrale et pourtant, les bâtisseurs l’on fait à Chartres.

Le portail royal est le plus ancien. Les flammes n’ont pas eu raison de lui lors de l’incendie de 1194. C’est pourquoi l’art roman domine. Lors de la reconstruction, deux nouveaux portails voient le jour au Nord et au Sud. Les statues qui s’y dessinent, portent les couleurs de l’art gothique. Les travaux se sont étalés sur de nombreuses années bien qu’ils aient été réalisés en un temps record pour l’époque ! Les deux portails latéraux seront réellement terminés en 1234.

Imaginons-nous au Moyen Âge face à cette imposante cathédrale s’élevant doucement vers les cieux ; elle était alors un vaste chantier, où des hommes s’activaient pour bâtir un monument pouvant traverser le temps avec majesté. Plusieurs siècles plus tard, Rodin rendra hommage à ces bâtisseurs et aux sculpteurs de l’ancien temps (dont les œuvres ont été peu altérées depuis le XIIIe siècle) :

« On peut venir prier Dieu, à Chartres, comme partout, puisqu’il est partout ; mais on y peut venir aussi contempler l’homme, qui s’y révèle dans son génie, et qui, sous cet aspect, n’est pas partout… » 

La nef et le chœur, une première architecturale

Lors de sa reconstruction en 1194, la cathédrale fut érigée en modèle du fait de l’innovation dont les bâtisseurs avaient fait preuve dans sa réalisation à la fois technique et esthétique. N’oublions pas qu’au Moyen Âge, la volonté des commanditaires de ce vaste chantier était d’en faire une représentation de la « Jérusalem céleste ».

Aujourd’hui encore, tous les éléments qui ont fait de ce site d’exception une référence architecturale en son temps, sont demeurés intacts, en particulier sa nef et son chœur. Lors de leur construction, ces derniers proposaient une formule architecturale nouvelle qui allait être largement utilisée tout au long du XIIIe siècle. En effet, auparavant, le chœur était bâti en premier, suivi de la nef. Dans le cas de Chartres, c’est le contraire qui s’est produit. On ne peut qu’être abasourdi devant ses dimensions : une cathédrale longue de 130 mètres dont la nef est haute de 36,50 mètres et large de 16 mètres.

Le saviez-vous ? À l’origine, la cathédrale de Chartres devait compter 9 flèches.

Une cathédrale haute en couleurs

Des statues pleines de vie

Contournons-la pour nous rendre devant le portail Nord et le contempler. De mon côté, mon regard s’arrête sur un petit dragon. Que vois-je ? Une légère trace de vert. Saviez-vous que des traces de polychromie ont été retrouvées sur les portails de la cathédrale de Chartres lors de travaux de restauration dans les années 2000 ? Ainsi, au Moyen Âge, il est fort à parier que les portails étaient peints, du moins leurs statues. Quel spectacle cela devait être ! Que pouvait ressentir un passant au Moyen Âge devant ces statues pleines de vie ?

Grâce à Chartres en lumières, à la nuit tombée, nous pouvons en avoir un aperçu sur ce même portail Nord. Les statues se parent alors lentement de couleurs. Bien que certaines des nuances utilisées ne soient pas celles qu’aurait pu voir un chartrain dans l’ancien temps, cela est fascinant d’imaginer à quoi cela aurait pu ressembler.

Une nef à la blancheur éclatante où la couleur est magnifiée

À travers la parure d’éléments architecturaux…. Depuis quelques années, la nef a retrouvé sa blancheur d’autrefois suite à des travaux de restauration. En levant les yeux au ciel, ou plutôt sur les croisées d’ogives soutenant l’architecture de la cathédrale, on remarque qu’elles ont eu droit à une touche de couleur. La beauté de la cathédrale de Chartres réside donc dans les moindres détails. On le remarque aussi en laissant courir notre regard le long des colonnes ornant le triforium, cette galerie située en hauteur le long de la nef.

D’ailleurs, quand on se promène sous la nef et le long du déambulatoire, on remarque des peintures sur certains piliers. Que représentaient-elles ? Il semblerait qu’elles notifient la présence d’anciens autels au Moyen Âge. Il n’était pas rare que les monuments religieux soient remplis de nombreux petits espaces de dévotion. Ceux-ci appartenaient possiblement à différentes confréries de la cité.  

À travers l’art du vitrail… N’omettons pas les près de 2 600 m² de vitraux qui ornent peu à peu ce monument exceptionnel tout au long du Moyen Âge. Comme de petits joyaux, quand les rayons du soleil les baignent doucement de leur lumière, ils projettent leurs ombres colorées sur les éclatants murs de la cathédrale de Chartres. Arrêtons-nous devant la célèbre Notre-Dame de la Belle verrière et son fameux bleu de Chartres, comme le portail Royal et ses vitraux, elle fut rescapée de l’incendie de 1194. Ainsi, devant elle, vous vivez la même expérience qu’un pèlerin bien des siècles avant vous. Incroyable, non ?

Comme de véritables bandes dessinées, ces vitraux permettaient aux visiteurs quelques soient leurs origines de (re)découvrir l’histoire biblique et offraient un panorama des diverses corporations professionnelles ayant apporté leur contribution financière pour sublimer la cathédrale à travers la réalisation de vitraux.  

Le saviez-vous ? La majorité des vitraux de la cathédrale datent du XIIIe siècle. 

 

Ce que l’on peut retenir de la grandiose cathédrale de Chartres au Moyen Âge, c’est qu’elle ne rentre pas dans les codes. Elle fut une source d’inspiration en son temps comme elle l’est aujourd’hui.