Aude
Sur les traces des écrivains ayant sillonné les Terres de Chartres et au-delà !
Avoir une nouvelle lecture de notre patrimoine à travers le regard d'hommes de lettres et de conviction
Visiter des lieux chargés d'histoire(s)
La cathédrale de Chartres : la muse de Charles Peguy
L’écrivain a pris la route de Chartres à deux reprises en 1912 et en 1913. Il parcoure à chaque fois plus de 140 km à pied aller-retour. Mais, ce sont des pèlerinages dans lesquels il se lance avec plaisir. Sur le chemin le menant de Paris jusqu’à Notre-Dame de Chartres, il traverse les magnifiques paysages de la vallée de Chevreuse, d’Hurepoix puis de la Beauce avant d’apercevoir les deux flèches de la cathédrale au loin.
De nos jours, il est possible de suivre les traces de l’écrivain en empruntant le Chemin Charles Péguy rendant hommage à ses périples. Vivez ainsi pleinement son expérience lors d’une exceptionnelle randonnée à pied depuis Paris !
Revenons dans les années 1910. La beauté de la cathédrale de Chartres fait telle impression à Charles Péguy qu’il rédige de magnifiques poèmes à son sujet. Ils nous permettent de saisir la beauté à la fois des paysages naturels offerts par cette marche mais aussi, de ce grandiose patrimoine ayant traversé les millénaires et rayonnant encore aujourd’hui à travers la Beauce.
Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.Charles Péguy, Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres
Ce qui partout ailleurs est une lassitude
N’est ici que des clefs sur un humble plateau.
Ce qui partout ailleurs est la vicissitude
N’est ici qu’une vigne à même le coteau.Charles Péguy, Prière de résidence contenue dans les cinq prières dans la cathédrale de Chartres
Jean Moulin : un premier acte de résistance en Eure-et-Loir
Quand on se promène à travers les Terres de Chartres, on note qu’un autre homme de lettres et de conviction y a laissé sa trace : Jean Moulin. Nommé préfet d’Eure-et-Loir en 1939, il va devoir prendre position en ces temps troublés par le conflit avec l’Allemagne nazie. Ainsi, en 1940, il décide de rester aux côtés de la population chartraine n’ayant pas fuit la ville allant contre l’ordre du ministre qui lui enjoignait de quitter les lieux. Aujourd’hui encore, il pose un œil protecteur sur son ancien bureau grâce à l’œuvre réalisée par le street artiste mondialement connu : Jimmy C.
Son premier acte de résistance face au régime nazi a lieu quelques mois plus tard. Les troupes allemandes entrent dans la ville le matin du 17 juin 1940. Des officiers demandent alors que Jean Moulin soit arrêté et conduit à eux dans la journée. Ils exigent qu’il signe un document établissant que des troupes françaises noires ont commis des atrocités envers la population civile. Malgré les injonctions et autres brutalités, Jean Moulin s’y oppose.
Il est alors mené à la gare de La Taye, situé à environ 12km de Chartres. Selon les officiers nazis, ce hameau dispose de preuves de leurs dires. Imaginez-vous alors l’atrocité qu’a dû affronter Jean Moulin… On le fait entrer dans un cabanon dans lequel se trouve des dizaines de cadavres de femmes et d’enfants probablement victimes d’un bombardement. On ira jusqu’à l’enfermer auprès des victimes. Il persistera dans son refus de signer le document malgré les coups qui pleuvront sur lui, les mauvais traitements et l’emprisonnement. Il tentera même de mettre fin à ses jours. Comprenant qu’il ne cédera pas, le projet de signature est abandonné. Jean Moulin ne leur aura pas permis de couvrir les atrocités dont les troupes nazies s’étaient elles-mêmes rendues coupables. Il est toujours possible de se remémorer ses événements qui font partis de notre histoire à la gare de La Taye, où des panneaux nous expliquent le déroulement de cette journée et nous présentent ce grand homme de notre Histoire.
Marcel Proust : à la recherche du temps perdu au château de Swann
Le château de Swann, autrement appelé le château de la Sinetterie, à Illiers-Combray, nous ouvre les portes de l’univers de Marcel Proust. Ici, on entraperçoit un décor et une ambiance qui ont nourri l’imaginaire de l’auteur.
L’écrivain a passé ses vacances à Illiers entre 1877 et 1880. Quels sont ces liens avec le domaine de la Sinetterie ? Son père, le Dr Adrien Proust, en a recommandé l’achat à un de ses confrères de l’Hôtel Dieu à Paris : le Dr Léon Lucien Lelièvre. Ce château était alors victime d’un problème de legs à des institutions religieuses. Malheureusement, la vente ne s’achève qu’après son décès. C’est sa fille qui acquiert donc la propriété. Elle viendra y vivre avec son fils Lucien, après avoir vécu quelques temps avec son mari et les parents de celui-ci à Genève où elle ne trouvait pas le bonheur.
Marcel Proust passera un été en compagnie de Lucien Lelièvre, à explorer de fond en comble le château de la Sinetterie : du parc aménagé avec un jardin extrême-oriental, aux pièces marqués par une décoration de style Napoléon III. La question se pose des impressions qu’ont laissé cette histoire familiale sur le jeune Marcel Proust et si Mme Drache-Lelièvre, sa relation à son mari et son fils n’ont pas influencé les personnages de son œuvre Du côté de chez Swann. On peut voir une similitude entre le destin de Gilberte, l’une de ses héroïnes, fille d’un couple désuni et celui de Lucien. Une chose est sûre, ce décor fut une formidable source d’inspiration pour Marcel Proust.
Aujourd’hui, vous pouvez parcourir le château de Swann, anciennement de la Sinetterie, pour partir à la recherche du temps perdu à travers une visite commentée de l’intérieur et vous retrouver avec vous-même en vous baladant dans le parc du domaine, où des sollicitations à la réflexion vous seront suggérées.
Réserver votre entrée au château de Swann
Source d'informations pour le lien entre Marcel Proust et le château de Swann