À l’époque, la Chartres antique se nommait Autricum. On vous propose de partir à sa découverte avec le sanctuaire gallo-romain de Saint-Martin-au-Val situé dans l’actuel quartier Saint-Brice à Chartres.
Saint-Martin-au-Val : la construction d’un impressionnant sanctuaire
Préparez-vous à un voyage dans le temps, on vous emmène entre l’an 70 et 80 de notre ère. Un vaste chantier se prépare. Les architectes de ce futur lieu de culte gallo-romain viennent de choisir l’emplacement de son édification. Il s’agit d’un marécage souvent soumis aux aléas climatiques et donc affecté par les débordements de l’Eure. Cependant, cette difficulté ne les impressionne pas. Les ouvriers se mettent à la tâche et à grands renforts de remblais provenant des carrières à proximité, ils rehaussent et assainissent les lieux. Les travaux de construction peuvent alors débuter. Les premiers bâtiments à prendre forme sont les murs des pavillons d’angle et des portiques ceinturant la cour intérieure. Entre les années 120 et 130 après Jésus-Christ, des pièces rectangulaires (nommées exèdre) et semi-circulaires (appelées abside) apparaissent. Ainsi, c’est au prix d’importants investissements et d’une cinquantaine d’années de dur labeur que le sanctuaire sort enfin de terre et se forme peu à peu. Les habitants s’approprient alors le sanctuaire de Saint-Martin-au-Val comme lieu de culte.
L’interruption brutale du chantier du sanctuaire gallo-romain d’Autricum
La construction s’arrête ainsi durant des décennies. Le chantier de l’angle nord-est de ce bâtiment monumental semble être laissé à l’abandon. Au début du 3ème siècle après Jésus-Christ, le travail semble reprendre dans le lieu de culte. Cependant, l’objectif semble avoir changé. Désormais, les ouvriers contribuent au démantèlement du sanctuaire gallo-romain et non à la poursuite de son édification. La construction du bâtiment ne verra jamais son aboutissement. Pourquoi ce soudain revirement ? Les archéologues n’ont pas encore de réponses claires à nous apporter mais les hypothèses sont multiples. Le projet était-il trop ambitieux ? Le chantier a-t-il été mal géré ? Ou, a-t-il connu des problèmes d’approvisionnement ? Le temps nous apportera peut-être des réponses.
Dans tous les cas, ce qui était l’un des plus grands sanctuaires gallo-romains de la Gaule Romaine sert désormais pour d’autres chantiers. On en récupère les composantes et les lieux se transforment peu à peu en grande carrière à ciel ouvert. Cela dure 80 ans. "Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme" disait Lavoisier. Il apparaît que les habitants d'autricum se sont appropriés cet adage. Du calcaire au bronze, tout est recyclé. Les déchets issus de ce laborieux chantier sont enfouis dans des fosses creusées dans la cour et en façade du monument.
Par ailleurs, le statut religieux de l’endroit a visiblement changé. On ne vient plus y prier les dieux, il se trouve une fonction de cimetière. Une fosse de récupération à proximité de la façade du pavillon nord-est a accueilli des centaines de corps. Ces derniers sont accompagnés d’objets de toutes sortes (jetons de jeux, vaisselle, restes d’animaux ou encore éléments de parure) comme autant d’ultimes hommages aux personnes enterrées. Pourquoi ce revirement ? Ces multiples sépultures à cet endroit (en marge de la ville) pourraient s’expliquer par une épidémie…
Des visites guidées sont régulièrement organisées au cours desquelles vous découvrirez l'histoire de cette église et de sa crypte ainsi que les résultats des fouilles archéologiques, accompagnés par une médiatrice du patrimoine.