Le château de Maintenon : quartier-général de la Marine Française
Maintenon, une ville sous le signe du secret-défense
À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la France dispose de l’une des plus puissantes marines de son Histoire. Dans le contexte de montée du nazisme en Europe, l’amirauté songe à la désignation d’une base de contrôle des opérations si le pays venait à entrer dans le conflit. C’est l'amiral Darlan qui, en avril 1938, indique Maintenon comme possible quartier général par peur de bombardements sur la capitale. Le conflit éclate.
Ainsi, entre 1939 et 1940, l’amirauté va donc établir le château de Maintenon, comme base secrète de ses opérations. Si le ministère de la Marine reste bien rue Royale dans la capitale, l’amiral Darlan donnera le nom d’Amirauté Française à son poste de commandement. Non loin de Paris, ce lieu s’adapte à leurs besoins de par sa desserte ferroviaire ainsi que par sa liaison à la capitale via des câbles télégraphiques et téléphoniques souterrains. Peu à peu, suite à l’installation de l’amirauté, la ville est enveloppée d’une aura de mystère. En gare, Maintenon n’est plus une destination possible et un laissez-passer est nécessaire pour entrer en ville.
Le château de Maintenon : lieu de rencontres de grandes figures de l’Histoire
Entre 1939 et 1940, Madame Geneviève de Noailles (devenue Madame Raindre) avait l’un de ces fameux laissez-passer pour venir visiter sa famille au château de Maintenon.
Ainsi, peut-être, a-t-elle croisé Winston Churchill ?
En qualité de chef de la marine allié, il s’est rendu au château de Maintenon afin de s’entretenir avec les forces françaises sur la coopération navale à la fin de l’année 1939. Dans les personnes présentes ce jour-là, on pouvait aussi compter Jean Moulin, alors préfet d’Eure-et-Loir.
En 1940, c’est le maréchal Pétain qui se rendra également au château de Maintenon. Alors ambassadeur de France en Espagne, il profite d’une visite en France pour se rendre à l’Amirauté. La même année marque la fin de la "drôle de guerre", l’Allemagne nazie lance sa première offensive dans le pays suite à la déclaration de guerre des forces alliées représentées par la France et le Royaume-Uni.
Le château de Maintenon sous l’occupation allemande et la Résistance
Plusieurs parties du parc du château de Maintenon furent, par la suite, occupées par les allemands. La ville et ses alentours accueillaient des dépôts de munitions : l’un dans les bois au-dessus de la ville, l’autre dans le lieu-dit La Garenne. De ce fait, des soldats étaient toujours en poste dans la région afin d’en assurer la garde et la manutention.
Ce que l’on appelle la kommandantur, c’est-à-dire un lieu où se trouvait un commandement militaire allemand, était installée non loin de la gare de Maintenon, dans l'ancienne mairie. Il s’agissait d’un poste secondaire en soutien de celui basé à Chartres.
De nombreuses arrestations d’habitants vont avoir lieu dans la ville de Maintenon, où la résistance était bien ancrée avec un engagement dans le réseau du secteur nord (l’un des plus actifs en Région Centre). On note des actes de la Résistance, comme par exemple, l’explosion d’un train de munitions le 18 février 1944. Ce sont une quarantaine de wagons qui vont voler en éclats. Des détonations qui se sont entendues jusqu’à Chartres.
Nous pouvons également noter l’événement tragique ayant eu lieu à l’actuel Pont Cipière, le 16 août 1944, lors de la fuite des allemands. Il tient son nom de Fernand Cipière : Au-delà de son rôle actif au sein de la résistance notamment dans des tâches de renseignements, ce jeune homme s’était porté volontaire avec d’autres hommes pour la reconstruction du pont qui porte aujourd’hui son nom. Le but était de faciliter le passage des troupes américaines. À l’époque, ce lieu portait le nom de Pont Neuf et avait succombé à des explosifs posés par les allemands lors de leur départ. Fernand, ingénieur de formation, s’entoure d’une équipe pour le remettre en état. Cependant, alors qu’ils y travaillent, un camion avec, à son bord, des soldats allemands venant de Chartres, arrivent sur les lieux. Après avoir voulu sauver ses hommes, il est touché par une grenade et mourra des suites de ses blessures. Quant au reste du groupe, il sera également exécuté après avoir tenté de fuir.