Aude
Pour cette expérience, j’ai envie de vous guider dans un circuit insolite à travers Chartres dans les années 1900.
Partir à la découverte de bâtiments et faits insolites de Chartres en 1900
Des œuvres architecturales insolites voient le jour
Au fil de mes lectures et visites guidées dans Chartres et ses environs, j’ai pris conscience, de jour en jour, de la richesse de l’histoire de la destination et cela continue encore aujourd’hui. Que ce soit par son patrimoine ou par les événements qu’elle a accueilli, Chartres a toujours le don de me surprendre. Est-ce que ce sera aussi le cas pour vous ?
On commence notre itinéraire sur la place Billard, non loin de la Maison du Saumon, l’actuel bureau d’information touristique de l’Office de Tourisme de Chartres Métropole. Anciennement, le château comtal s’élevait à cet emplacement. Suite à sa démolition, on y plaça un marché aux légumes. En 1899, on commença la construction d’une halle pour le transformer en marché couvert. Inspirée du style Baltard, elle fut inaugurée en 1900 et confère aujourd’hui à la place une ambiance d’antan.
1900 voit aussi la naissance de Raymond Isidore. C’est lui qui, dans les années 1930, après avoir construit sa maison, va prendre goût à l’art de la mosaïque lors de la réalisation de ses travaux. Il va donc entreprendre de décorer tout son intérieur comme son mobilier avec des morceaux de faïence, de porcelaine mais aussi des débris de poterie et de verre de toutes les couleurs. Une maison qui devint donc une œuvre d’art atypique et que l’on peut visiter aujourd’hui !
Buffalo Bill fait son show à Chartres
Fait méconnu : en 1905, cette figure mythique de la conquête de l’Ouest est passée par Chartres. Le colonel Cody, connu sous le nom de Buffalo Bill, est venu comme ambassadeur de l’héritage culturel du Far West. Lors de son passage à Chartres, il parcourt l’Europe avec un spectacle itinérant : le Buffalo Bill’s Wild West. Ce show montre une version romancée de l’Ouest Américain où divers numéros, comme personnalités connues du Far West, se succèdent.
Dans l’édition du Journal de Chartres du 1er juin, on annonce ce fameux spectacle : "Col. W.F Cody – Buffalo Bill – Ses derniers adieux à la France – Ne manquez pas cette dernière occasion de le voir. En parler n’est rien, le voir c’est tout."
Il y est annoncé 1 300 hommes et chevaux pour "la plus grande exhibition amusante et instructive du monde dans laquelle figurent les cavaliers les plus audacieux". Au programme des festivités : des reconstitutions de batailles comme celle de "Little Big Horn" ou des représentations de manœuvres de guerre effectuées par une troupe impériale japonaise et diverses performances. Buffalo Bill est présenté comme "le roi des tireurs à cheval dans ses merveilleux exercices de Tir Monté sur un cheval lancé au galop".
Le 5 juin, Buffalo Bill rejoint donc Chartres en train et traverse la ville avec sa troupe cosmopolite pour se rendre au Grands Prés (à l’emplacement de l’actuel stade). Le 6 juin, un article du Journal de Chartres relate l’ambiance qui résidait à la gare, à son arrivée sur les lieux. Dans l’édition du 9 juin relatant l’événement en lui-même, on sait que le jour de la représentation n’a pas bénéficié des meilleures conditions météorologiques et il semblerait que les Grands Prés avaient pris l’allure de marécages. Cependant, d’après le journaliste, les deux heures de spectacle se déroulant devant ses yeux, valaient le détour et laissaient "le spectateur béat d’admiration, haletant, essoufflé et un peu désemparé".
Des secrets de la cathédrale de Chartres sont dévoilés
Au début des années 1900, Renée Merlet, archiviste départemental, se lance dans de nouvelles fouilles de la cathédrale de Chartres. Il était déjà l’auteur de nombreux écrits en lien avec cet incroyable monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Quelques années auparavant, il avait redécouvert le puit des Saints-Forts. Un vestige gallo-romain qui atteint une nappe phréatique à plus de 33,55 mètres en contrebas. En 858, lors d’une invasion viking, on dit que les corps des victimes auraient été jetés dans ce puit. Au milieu des années 1600, on voulut faire disparaître ce puit et avec lui, les superstitions qui y étaient attachées. Renée Merlet en trouva la localisation dans la crypte de la cathédrale de Chartres.
La margelle (assise en pierre formant le rebord) et l’alcôve au-dessous, furent reconstruites alors.
Des travaux lui donnèrent certainement envie d’aller plus loin dans ses explorations des parties basses de la cathédrale de Chartres, notamment du côté de la crypte Saint-Lubin. Il voit l’opportunité de s’engouffrer dans un grand remblai de pierre, pris entre les galeries nord et sud de la crypte construite par Fulbert. D’un côté, un mur rattaché à l’une des premières cathédrales construites ; de l’autre, les fondations de la cathédrale datant du 13ème siècle. Les fouilles ont été menées durant 2 étés consécutifs. On ne retrouvera pratiquement aucun objet entre ces deux murs. Elles mettent en lumière des vestiges d’une cathédrale plus ancienne, avec la mise à nu d’un escalier probablement emprunté autrefois par des croyants.
Envie de prolonger cet instant dans les années 1900 ? N’hésitez pas à faire également un tour au Musée de l’École d’Eure-et-Loir. Il vous plonge dans l’ambiance des salles de classe de cette époque. Installez-vous derrière les pupitres, à côté du poêle à bois qui chauffait les lieux, et laissez-vous porter par l’atmosphère des leçons d’autrefois !