Histoire de l’église de Saint Jean-Baptiste de Rechèvres
En 1950, Monseigneur Hascouët, évêque de Chartres confie au père René Closset la nouvelle paroisse de Saint Jean-Baptiste de Rechèvres. En 1956, le nouvel évêque l’installera officiellement comme curé de la paroisse. La première église est un baraquement en bois surmonté d’un clocheton et d’une croix transférée de l’ancien camp de prisonniers du Coudray, un vestige du séminaire des Barbelés dirigé par Franz Stock, au quartier de Rechèvres.
Un monument religieux à l’architecture innovante
Cependant, rapidement, cette chapelle ne répondra plus aux besoins de la paroisse. Ainsi, en 1959, la construction d’une nouvelle église en pierre de Berchères est envisagée. En 1961, elle sera consacrée dans le quartier de Rechèvres. Le lieu se veut moderne pour faire écho à l’architecture du quartier, elle est l’œuvre de l’architecte local Jean Redreau et de l’ingénieur architecte Stéphane Du Château. Ce dernier, pionnier en France des structures spatiales, va mettre son expertise en œuvre pour la réalisation de la coupole. À l’époque, elle va attirer les regards par sa dimension innovante et lui a valu plusieurs apparitions dans des revues d’architecture.
Un lieu où l’art du vitrail est à l’honneur
L’église voit courir sur toute sa circonférence un ruban de vitrail, œuvre du maître-verrier Max Ingrand. Il prend connaissance du projet de construction de l’église Saint Jean-Baptiste de Rechèvres par Stéphane Du Château. Ayant tous les deux fait connaissance lors de leur captivité en Silésie lors de la seconde guerre mondiale, ils retrouveront lors d’un repas d’anciens combattants où le sujet viendra sur la table. Max Ingrand a passé son enfance dans ce quartier de 3 à 25 ans. Il éprouve donc un vif intérêt pour la construction de cet édifice religieux. Par ailleurs, il n’a jamais travaillé dans ce département riche d’une culture du vitrail avec les ateliers Lorin et Loire. Ce qui renforce sa volonté de travailler sur ce projet.
Le jury pilotant la construction de l’église Saint Jean-Baptiste de Rechèvres donna facilement son accord au vue de la vision moderniste de l’artiste. Max Ingrand fait le choix de l’abstraction souhaitant habiller de couleurs la pierre de Berchères. Ses verrières mettent en valeur les couleurs fondamentales avec des nuances de bleus, de jaunes et de rouges. Ainsi, du nord au sud, un dégradé se construit partant de couleurs froides et lumineuses pour finir avec des couleurs chaudes, rouges, synonyme de profondeur.
Max Ingrand est un maître-verrier reconnu ayant réalisé des vitraux pour de nombreux monuments aussi bien en France qu’à l’étranger comme au Brésil ou aux États-Unis.
L’église de Saint Jean-Baptiste de Rechèvres et la tombe de Franz Stock
Le Père René Closset sur les pas de Franz Stock
L’utilisation d’un vestige du séminaire des Barbelés comme premier lieu de culte de la paroisse de Saint Jean-Baptiste de Rechèvres, invite le père René Closset à s’intéresser à Franz Stock et aux messages qu’il véhiculait.
Impressionné par sa vie et l’œuvre du prêtre allemand, il va se renseigner sur son histoire et fera de nombreux voyages en Allemagne où il fera la rencontre d’anciens élèves de Franz Stock. Ces derniers se nommaient eux-mêmes les Chartrenser, soit "Ceux de Chartres". Un nom qui inspirera également la création d’une spécialité locale de Chartres. Toutes ses rencontres et ses recherches vont mener à la publication d’un livre "l’Aumônier de l’enfer" en 1964. Un ouvrage qui va connaître un grand succès et qui sera traduit en 5 langues. Le prix de l’amitié franco-allemande le récompensera la même année pour cette œuvre.
Lors de la construction de l’église Saint Jean-Baptiste de Rechèvres, les anciens Chartrenser offrent le maître-autel ainsi que la cuve baptismale en pierres de Berchères. Sur le maître-autel, un message est gravé dans la pierre : "Les anciens séminaristes allemands, derrière les barbelés du camp de prisonniers de guerre de Chartres, 1945-1947, ont fait don de cet autel, marque de leur reconnaissance, de leur fidélité et aussi en signe de paix chrétienne. 24 septembre 1961."
La tombe de Franz Stock
En 1963, l’exhumation de l’abbé Franz Stock a lieu au cimetière de Thiais. Ses ossements sont transférés dans un nouveau cercueil tandis que l’ancien reste en terre. Une nouvelle pierre tombale est installée pour indiquer que le prêtre allemand y a reposé pendant 12 ans. À Chartres, le monument funéraire offert par les familles des fusillés français et des anciens prisonniers est déjà en place. Une chapelle lui est dédiée.
En 1996, Monseigneur Jacques Perrier confie à Gabriel Loire la mission de décorer la chapelle Notre-Dame de la Paix accueillant la tombe de Franz Stock. Ce sera l’une des dernières créations du maître-verrier, mort en décembre 1996. Cependant, ce sera son petit-fils Bruno Loire qui en assurera la réalisation sur la base du carton d’origine dessiné par son grand-père. Elle sera inaugurée en 1998 à l’occasion du 35e anniversaire de l’installation de la sépulture de l’abbé à Chartres. C’est un triptyque composé de 3 panneaux de verre entourant la tombe de Franz Stock.
Par ailleurs, également réalisée sur les dessins de Gabriel Loire, une dalle de verre forme un puit de lumière. Elle crée une atmosphère chaude et lumineuse par ses tonalités dorées. Elle est le symbole de la lumière de la résurrection.