L’église Saint-Pierre, ancienne abbatiale Saint Père en Vallée située en ville basse, est issue d'une fondation bénédictine située à l'emplacement d'un très ancien lieu de culte, et dont la création serait antérieure au VIIe.
Une construction sur 3 siècles
Plusieurs fois détruite, l’église est reconstruite vers 930. Lors de votre visite, regardez bien la tour située à l’ouest construite autour de l'an mil. Elle est le vestige le plus ancien encore debout. Sa structure qui comportait autrefois de très longues fenêtres n'est pas sans rappeler les donjons de Nogent-le-Rotrou, Epernon, Auneau…
Sur le côté du choeur, une tourelle d’escalier très fine, élancée et couronnée par un toit pointu en pierre, appelée "La Merveille", date probablement de la fin du 13e, début du 14e siècle, peu après l’édification des parties hautes. Cette petite tourelle ne dispose pas de fondation, elle ne touche pas le sol. Comment une telle construction peut-elle alors tenir ? Elle est littéralement "agrafée" par un ensemble de crochets métalliques, sur toute la hauteur de l’édifice. L’usage du fer dans les grandes constructions médiévales était nécessaire pour tenir les maçonneries pendant le séchage du mortier et en assurer ensuite la stabilité.
Pour rentrer dans l’église, contrairement à de nombreux édifices religieux, il faut descendre quelques marches. En effet, la nef de l’église Saint-Pierre se situe en dessous du niveau de la rivière. En pénétrant dans la nef, vous constaterez un décrochement de l'axe de l’édifice par rapport au clocher. Les marques de l’ancienne nef sont encore visibles sur le mur de séparation. Les parties inférieures du choeur datent du 11e et 12e siècles (style roman). Les chapiteaux y sont décorés de godrons. De l'abbaye médiévale, au sud de l'église, il ne reste que peu d'éléments : les charpentes et deux salles superposées dans l’actuel lycée Marceau.
C'est au début du 13e siècle que se situe la construction de la nef actuelle. Cet édifice est contemporain de la cathédrale de Chartres avec qui, il présente de nombreuses similitudes architecturales. La raison ? Les bâtisseurs qui œuvraient sur la cathédrale ont également travaillé sur la construction de l’église Saint-Pierre.
L'élévation est à trois niveaux : les grandes arcades, la galerie de circulation appelée triforium et des grandes verrières très simples. Les voûtes gothiques (croisées d’ogives) sont contrebutées à l’extérieure par des arcs boutants très légers.
La construction des parties hautes du chœur reprit à la fin du 13e siècle, d’où une plus grande légèreté de cette partie de l’édifice : véritable mur de verre, particulièrement visible grâce à Chartres en lumières, avec son chevet aux arcs boutants extrêmement légers.
Des vitraux exceptionnels
C'est à la fin du 13e siècle et au début du 14e siècle que furent exécutés les remarquables vitraux actuellement encore en place. C’est également à cette époque que la polychromie des murs et des voûtes a été réalisée. Des vestiges ont été récemment découverts sous des badigeons plus tardifs et semblent couvrir une surface assez conséquente.
La couleur et la composition des vitraux attirent l’œil. Ce début du 14e siècle marque un tournant dans l’art du vitrail avec l’utilisation plus systématique de la grisaille et du jaune d’argent avec quelques décors peints. Le vitrail se fait ici décoratif autant que narratif. Les vitraux remarquables de l'église Saint-Pierre se trouvent essentiellement dans la nef : plusieurs racontent la vie des saints dont celle de Saint-Pierre. Vous pouvez y admirer également les grands moments de la vie de Jésus avec particulièrement la Nativité ou la Cène.
Si vous observez ces vitraux avec attention, vous remarquerez que certains personnages sont répétés plusieurs fois. Seules les couleurs changent. En effet, au Moyen-Âge, les maîtres-verriers étaient payés au nombre de cartons (dessins) réalisés et non au nombre de verrières.
Au 19e siècle, les émaux renaissance Limosin, qui ont été commandés par François Ier, vont également être placés dans l’église Saint-Pierre pour décorer la chapelle de la Vierge. Réalisés à partir de dessins du Primatice, ils représentent les douze Apôtres. Aujourd’hui, il est possible d’admirer ces douze panneaux exceptionnels de Léonard Limosin au Musée des Beaux-Arts de Chartres.
Orgues, mobilier et statues
L’orgue, encore utilisé de nos jours pour de nombreux concerts mais également pour le culte, date du 16e siècle. Dans une chapelle du déambulatoire, derrière le chœur, une sculpture en marbre de Carrare du sculpteur Bridan retient l’attention. Ce même artiste réalisa la statue de l’Assomption dans le chœur de la cathédrale. Dans le chœur, de riches stalles en bois, datant du 18e siècle, servaient pour les prêtres et moines lors des célébrations.
Et le soir, pendant la période de Chartres en lumières, avec ses vitraux illuminés de l’intérieur vers l’extérieur et un décor tel un reliquaire sur ses murs, l’église Saint-Pierre brille de mille feux. Laissez-vous tenter par sa découverte !