La famille Lorin : maîtres-verriers de père en fils
Fondés en 1863 par Nicolas Lorin, initialement, l’atelier était installé rue Saint-Chéron, non loin de là où se dresse actuellement la Maison Picassiette. En effet, c’est après son mariage avec Marie-Françoise Dian que Nicolas Lorin décide à s’installer sur Chartres.
En 1867, Nicolas Lorin établit ses ateliers sur les bords de l’Eure, dans la rue de la Tannerie en basse ville de Chartres. D’abord au n°5 puis au n°46, c’est donc dans une maison classée monument historique qu’il va réellement développer la renommée de son atelier.
Après une quinzaine d’années d’existence, les Ateliers Lorin emploient une cinquantaine de personnes et Nicolas Lorin remporte de nombreuses récompenses pour son œuvre. Au-delà de Chartres, il dispose d’un atelier de dessin à Paris ainsi que d’un magasin de vente à Lille.
En 1866, Charles Lorin vient au monde. Son père s’éteindra à l’âge de 49 ans en 1882. Alors seulement âgé de 16 ans, c’est sa mère qui reprendra les Ateliers Lorin en attendant qu’il soit en capacité de le faire. Il reprend le flambeau de son père en 1882. Sous son égide, les Ateliers Lorin vont notamment participer à l’exposition universelle de 1889. Par ailleurs, il verra également passer Gabriel Loire dans son atelier : autre maître-verrier incontournable en Eure-et-Loir ayant fondé, après la Seconde Guerre mondiale, ses propres ateliers de vitraux à Lèves, en périphérie de Chartres. Charles Lorin sera à la tête des ateliers jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Suite au conflit, c’est son fils François Lorin qui dirige les lieux. C’est sous sa direction que les Ateliers Lorin vont notamment restaurer une grande partie des vitraux datant du 12e et du 13e siècles de la cathédrale Notre-Dame de Chartres puis, ceux de l’église Saint-Pierre. Suite au décès de François en 1972, l’atelier reste la propriété de la famille jusqu’au décès de la veuve Lorin un an après.
Ainsi, comme les Ateliers Loire, 3 générations de Lorin vont se succéder entre ses murs. Au fil des années, ils se sont transmis leur savoir-faire et leurs compétences de maîtres-verriers.
L'un des plus vieux ateliers de maîtres-verriers de France en pleine restauration
L’évolution des Ateliers Lorin
En 1973, les Ateliers Lorin sont rachetés par les maîtres-verriers Gérard Hermet et par le couple Juteau, Jacques et Mireille, tous deux décédés aujourd’hui. Ils vont poursuivre l’œuvre de l’institution fondée par la famille Lorin dans cet atelier, n’ayant pas bougé depuis les années 1800. Spécialisés dans la restauration de vitraux anciens comme contemporains, les Ateliers Lorin vont cependant finir par être placés en liquidation judiciaire en 2017 mais, l’histoire ne s’achève pas ainsi. C’était sans compter sur la passion de maîtres-verriers formés dans cet atelier au charme indéniable.
Le nouvel envol des Ateliers Lorin
Employés aux Ateliers Lorin depuis 2004, Élodie Vally et François Ratkoff entendent bien ne pas voir s’éteindre la flamme de l’un des plus vieux ateliers de maîtres-verriers de France, encore en fonction depuis son origine. C’est ainsi qu’ils ont pris la tête des Ateliers Lorin en 2017 avec Claire Babet, maître-verrier à La Bourdinière-Saint-Loup. Pour les aider dans leur entreprise, la Ville de Chartres s’est portée acquéreur de la bâtisse ayant pour ambition de lancer une vaste restauration des Ateliers Lorin afin de pérenniser l’activité de maître-verrier et permettre prochainement au grand public de découvrir l'histoire exceptionnel de cet atelier. Puis, en 2019, Elodie Vally prend seule la tête des ateliers et emploie une équipe de deux collaborateurs. En 2020, Vincent Pascal s'associe au projet afin de la soutenir dans le développement de l'entreprise.
En reprenant la direction de l’atelier, les jeunes maîtres-verriers ont également hérité du fond d’archives de l’entreprise soit un véritable trésor. Grâce à un code, tous les chantiers des Ateliers Lorin ont été archivés depuis leur création en 1863 soit plus de 6 000 références de chantiers. Des informations précieuses qui permettent encore aujourd’hui à l’équipe de travailler sur de nouveaux projets. Par exemple, en mai 2018, les Ateliers Lorin ont été sollicités par l'archevêché d'Hô-Chi-Minh-Ville pour la restauration de vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Saïgon, créés par les Ateliers Lorin en 1880. Les maîtres-verriers ont pu s’appuyer sur leurs extraordinaires archives comprenant même des cartons d’origine des vitraux pour répondre à ce projet.
Ces archives ont plus qu'un intérêt historique. Elles peuvent vraiment être vivantes pour les professionnels du vitrail.
Les Lorin laissent ainsi encore leurs empreintes dans les travaux menés par les ateliers. Par ailleurs, les maîtres-verriers ne sont pas les seuls à se replonger dans ces archives. Les Ateliers Lorin reçoivent régulièrement des sollicitations de collectivités comme d’étudiants pour parcourir leur fonds.