Aude
L’automne dernier, avec des collègues, nous avons pris le temps de se souvenir d’un homme d’exception : Jean Moulin. Suivez-nous !
Découvrir l'histoire de Jean Moulin et pourquoi il a marqué l'Eure-et-Loir
Jean Moulin, résistant et préfet d'Eure-et-Loir
Cet homme, héros de la résistance, a été préfet d’Eure-et-Loir entre 1939 et 1940. Aujourd’hui, nous nous décidons à suivre ses pas et à nous plonger dans un fragment de l’histoire de notre pays.
Au quotidien, nous sommes tous amenés à passer devant des lieux nous évoquant cet homme. Par exemple, quand au détour d’une balade dans le centre-ville de Chartres, nous nous retrouvons face à son mémorial, un glaive brisé. Inaugurée en 1948, cette sculpture a été réalisée par Marcel Courbier.
Et si nos pas nous entraînent rue Collin d’Harleville, nous passons sous les fenêtres de la préfecture qui accueillait autrefois son bureau. Des murs qu’il a voulu quitter au début du conflit, en voulant aller combattre en tant que soldat. Cependant, il essuya un refus du gouvernement qui souhaitait qu’il reste en poste à la préfecture. Cependant, quand on lui demandera d'évacuer celle-ci en 1940, Jean Moulin refusera l'ordre du ministre qui lui enjoignait de quitter son poste.
Et désormais, son regard, aussi protecteur que déterminé, se pose sur nous depuis la façade du restaurant Le Pichet. À l’occasion du Boulevard du graff 2019, Jimmy C. a apporté sa contribution à notre devoir de mémoire en nous délivrant sa vision de cet homme de conviction.
Aujourd’hui, nous nous décidons à prendre la direction de la gare de la Taye à Saint-Georges-sur-Eure. Un retour dans le temps s’impose. Nous sommes en juin 1940. Chartres vient de tomber entre les mains de l’armée allemande et des officiers nazis demandent à voir Jean Moulin. Ils exigent qu’il signe un document accusant des tireurs sénégalais d’avoir commis des crimes atroces dans cette commune, non loin de Chartres. Jean Moulin refuse d’être complice avec l’occupant.
Après avoir subi de nombreux sévices, il l’emmène donc sur les lieux. Il est inimaginable de concevoir les pensées qui ont assailli Jean Moulin quand il a parcouru cette route pour qu’on impose à sa vue lesdits crimes.
En arrivant sur place, il doit faire face à une horrible vision, celle de victimes d’un bombardement.
Jean Moulin campe sur ses positions, continue de refuser d’apposer sa signature sur le document et de se trouver complice de ces meurtres. Il est de nouveau violenté avant d’être ramené sur Chartres.
Nous voici revenu dans le présent. Nous nous tenons à l’emplacement où s’est déroulé la scène. Des panneaux explicatifs sont présents pour nous relater les faits et la machination souhaitée par les nazis. Une plaque nous livre des mots écrits par Jean Moulin, extraits de son journal "Premier combat" :
"Pendant sept heures j’ai été mis à la torture physiquement et moralement. Je sais qu’aujourd’hui je suis allé jusqu’à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirai par signer." (…) "Et pourtant, (…) je ne peux être complice de cette monstrueuse machination (…) Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l’Armée française et me déshonorer moi-même." (…) "Je sais que le seul être humain qui pourrait encore me demander des comptes, ma mère, (…) me pardonnera lorsqu’elle saura que j’ai fait cela pour que les soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu’elle n’ait pas, elle, à rougir de son fils."
Des mots qui ne peuvent être que source d’inspiration, surtout quand on lit ce passage en entier dans son livre, il préférait tout, même la mort, plutôt que déshonorer l’Armée Française et bafouer ses valeurs. Il fut emprisonné au retour de cette expédition. En prison, il va utiliser des débris de verre jonchant le sol pour tenter de se suicider, en se tranchant la gorge. C’est devant cette démonstration de force de caractère que les officiers nazis renonceront à vouloir lui faire signer ce document.
Cependant, cette tentative ne se conclura pas par sa mort et ses événements deviendront ses premiers actes de résistance. Il en gardera une cicatrice, la marque de son premier combat.