Le Colonel Griffith : le sauveur de la cathédrale de Chartres
Entre le 15 et le 19 août, les allemands sont repoussés, se retranchent et procèdent à la destruction de bâtiments dans leur retraite, dont la Porte Guillaume. Tandis que des combats meurtriers ont lieu à travers les rues, un colonel américain va sauver un monument emblématique de la ville des bombardements : la cathédrale de Chartres.
Les forces américaines pensaient l’édifice aux mains de tireurs d’élite allemands. Ainsi, l’ordre de bombarder Notre-Dame de Chartres avait été transmis. Cependant, le colonel Welborn Barton Griffith Jr a préféré aller le vérifier par lui-même. Arrivé sur place avec son chauffeur, il découvre plusieurs soldats faisant feu sans que les tirs ne soient rendus. Ainsi, il prend la décision de gravir la Tour Nord de la cathédrale et se rend alors compte que les tours sont vides. Il en fait donc sonner les cloches et déploie le drapeau américain avant de faire annuler l’ordre de destruction. Sans ce soldat américain, il fut fort à parier que vous n’auriez pu découvrir et visiter aujourd’hui cet héritage du passé.
Son secrétaire de l’époque, Eugene Schulz, raconte cette journée du 16 août. Son colonel lui avait indiqué qu’il devait partir pour une "mission personnelle" sans entrer davantage dans les détails. C’est la dernière fois que les deux hommes se sont vus. Quelques heures plus tard, la cathédrale était sauvée et son chef avait été tué dans les rues de Lèves après avoir rencontré une patrouille allemande restée à Lèves. Le colonel Welborn Barton Griffith Jr et Eugene Schulz étaient rattachés au 20e corps de la 3e armée du Général Patton, basé à Courville-sur-Eure le 15 août 1944.
Aujourd’hui, une stèle rend hommage au colonel Griffith sur l’avenue de la Paix à Lèves, à l’endroit où il mourut sous les balles allemandes. Son corps fut protégé par des Lévois et sera enterré avec les honneurs militaires par le 20e corps. Il repose aujourd’hui au cimetière américain de Saint-James en Bretagne.
Chartres 1944, le 23 août : l’allocution du général de Gaulle
À cette époque, le général de Gaulle est le symbole de la résistance française. Il fait une étape à Chartres, libérée 4 jours auparavant, sur la route de Paris après être préalablement passé par La Ferté-Bernard et Nogent-le-Rotrou.
Lors de sa visite, il fera un premier arrêt à la cathédrale de Chartres avant de prendre la direction de l’ancien Hôtel des Postes, devenu désormais la médiathèque l’Apostrophe. Cette allocution peut être vue comme une préparation au discours du général du 25 août 1944 à l’Hôtel de Ville de Paris pour la libération de la capitale.
Combien m’émeut l’accueil magnifique de Chartres, de Chartres libéré. Chartres sur le chemin de Paris, c’est-à-dire sur le chemin de la Victoire. Tous ceux, toutes celles qui sont ici rassemblés aujourd’hui avec nous, il suffit que je les voie, que je les entende, pour que nous sentions tous que les mêmes sentiments nous animent, que nous sommes tous les fils et les filles dévoués de la même patrie, de la même patrie si chère que nous voulons qu’elle soit libre, qu’elle soit forte et qu’elle soit grande […]
Ce jour-là à Chartres, tout un dispositif est mis en place pour la venue du général de Gaulle. Une estrade a été placée et il est entouré de divers véhicules militaires et issus de la résistance. Une fanfare complète ce tableau. Le discours se conclut par La Marseillaise.