Il s’installe à Chartres en 1926. Ses premiers pas de maître-verrier, il les fait aux Ateliers Lorin. Quand il découvre la cathédrale, il est ébloui par ses vitraux et le fameux bleu de Chartres. Un bleu qui influencera son œuvre.
20 ans après son installation à Chartres, il lance son propre atelier. Au début, il en gère toutes les fonctions. À la fin de l’année, 12 personnes travaillent à ses côtés pour le seconder. En 1948, il achète une propriété qu’il nomme « La Clarté » à Lèves, non loin de Chartres. C’est encore aujourd’hui, ici, qu’office les Ateliers Loire.
La dalle de verre : la technique de Gabriel Loire
Gabriel Loire est un maître-verrier tourné vers l’innovation et il va être l’un des premiers à travailler sur une nouvelle technique introduite dans les années 20, celle de la dalle de verre. Cette technique est le fruit de la collaboration de deux hommes : Ernest-Jean Gaudin et Jules Albertini. Elle prend son essor du fait de l’architecture contemporaine en béton armé, employée pour les reconstructions des édifices religieux lors de l’après-guerre.
Qu’est-ce que la technique de la dalle de verre ? Une création en dalle de verre repose sur une épaisse plaque de verre coulée et assemblée avec du béton ou des résines. Le travail de création commence de la même manière que pour un vitrail traditionnel, tel qu’on peut en voir dans la cathédrale de Chartres.
On réalise une maquette au 1/10 et un carton pour disposer d’un repère. Puis, on calibre les pièces et réalise les coupes des épais morceaux de verre. Les différentes pièces sont ensuite placées dans un coffrage en bois aux dimensions du vitrail. Puis, on sertit l’ensemble grâce à du béton ou de la résine. Encore aujourd’hui, la technique est en constante évolution, notamment sur cette dernière étape.
Gabriel Loire a fait de cette technique l’une de ses spécialités et en fut un ambassadeur en France comme à l’étranger.
Une œuvre vivant à Chartres, dans ses alentours et à travers le monde
Pendant une quarantaine d’années, il va essentiellement réaliser des travaux de création de vitraux pour des églises détruites durant la 2nde guerre mondiale. Ainsi, il va travailler sur plus de 400 édifices, dont des bâtiments civils, en France. Il a notamment réalisé une œuvre de 228 m² à l’Église Saint-Lazare à Lèves en 1956, commune où est installée son atelier, grâce à la technique de la dalle de verre.
Si dans les années 1950, la majorité de ces œuvres se concentrent sur des édifices religieux en France. Il s’affranchira des frontières. Sa notoriété va s’étendre en Europe puis, notamment aux États-Unis. En effet, entre 1960 et 1975, plus de 250 oeuvres ont été réalisées par ses soins aux États-Unis, principalement pour des édifices religieux.
Aujourd’hui, on peut retrouver ses œuvres à travers le monde :
- L’église du Souvenir à Berlin,
- La cathédrale de Salisbury en Angleterre,
- Le musée d’art moderne d’Hakone au Japon (la « Tour aux oiseaux »),
- La Thanks Giving Square Chapel à Dallas aux États-Unis,
- Et bien d’autres monuments…
Gabriel Loire : un artiste pluridisciplinaire
Cependant, Gabriel Loire n’est pas seulement un maître-verrier de talent. Il a pu s’essayer à d’autres disciplines. En effet, lors de son départ des Ateliers Lorin dont il était devenu un associé, une clause de non-concurrence lui imposait de ne pas faire du vitrail durant 10 ans. Il a ainsi abordé d’autres métiers d’art : la céramique, la mosaïque, la sculpture, la création de mobiliers, tout en continuant de peindre et de dessiner. Il réalise notamment les illustrations de « Les Lettres de mon Moulin » d’Alphonse Daudet paru aux éditions Jacques-Petit en 1946.
Puis, il revient à son amour pour l’art du vitrail. En 1970, il va confier la direction des Ateliers Loire à son fil Jacques avec qui, il travaillait déjà depuis une vingtaine d’années. Cela lui permet de se consacrer davantage à la peinture, même s’il est toujours sollicité dans le cadre de grands projets de vitraux.
De 1986 à 1996, il conjugue les arts au rythme des projets des ateliers entre vitrail, mosaïques et peintures murales. Des travaux sur lesquels ils travaillent auprès de son fils Jacques mais aussi de ses deux petits-fils : Bruno et Hervé.