Ferdinand Cheval et Raymond Isidore : des autodidactes
Tous les deux sont issus d’un milieu modeste et font preuve d’un talent insoupçonné. Chacun d’entre deux est doté du talent d’apprendre par soi-même et a ainsi apprivoisé l’Art à sa manière. Autodidactes, ils ont seulement été guidés par le pouvoir de leur imagination.
Une inspiration onirique
L’un comme l’autre font face à des figures mystiques et féériques à travers leurs créations. Si vous vous rendez au palais idéal de Ferdinand Cheval, un fantastique bestiaire vous attend, mais aussi des créatures mythologiques et de nombreuses références à des lieux du monde. Pierre par pierre, il a réalisé un palais inhabitable dans son portager, nourri de ses multiples inspirations (paysages traversés, cartes postales, magazines…).
En vous promenant dans la maison Picassiette de Raymond Isidore, on retrouve également des clins d’œil à la ville de Chartres et à ses monuments, comme la cathédrale ou encore la Porte Guillaume. Cependant, il nous fait également voyager dans d’autres contrées qu’il n’a jamais pu admirer de ses propres yeux. Ils nous dévoilent ainsi d’autres cathédrales, des palais ou encore des animaux de toutes sortes. Par ailleurs, selon ses proches, ce sont ses rêves qui furent une grande source d’inspiration pour lui. Fervent croyant, il disait également être guidé par une force spirituelle.
Ces œuvres hors du commun nous font donc découvrir le monde à travers les regards si singuliers de leurs auteurs.
Toute une vie dédiée à l’imaginaire
Ferdinand Cheval a consacré 33 ans de sa vie à ériger son palais idéal. Il le débute en 1879 et pierre par pierre, après de longues heures de travail, le finit en 1912. Raymond Isidore a lui-même passé 33 ans de sa vie à décorer au fur et à mesure sa maison avec des petits bouts de verre, des débris de porcelaine, des morceaux de vaisselle cassée…
Il a fait ça tout seul : il y a 29 000 heures de travail en 33 années en dehors de ses journées. Il a continué jusqu’à ce qu’il s’en aille, un an avant sa retraite, à 64 ans.
Un amoncellement de matériaux
Facteur rural, Ferdinand Cheval ramasse des pierres. Au début, il en ramène ainsi dans ses poches lors de ses tournées en pleine campagne, puis, il se munit d’un panier et s’en va même parfois sur les routes avec sa fidèle brouette. Au fil du temps, il arrivera ainsi à disposer de tous les matériaux nécessaires à son œuvre.
C’est au cours de ses promenades que Raymond Isidore ramassait, sans intention, ses différents éléments de décor. Il les récoltait pour leur couleur ou leur scintillement. Puis, une fois amoncelés dans son jardin, l’idée lui vint alors de réaliser une mosaïque. Il va également aller écumer les poubelles et les salles de ventes, d’où il ramènera des petits trésors.
Une reconnaissance artistique
Le palais idéal du facteur Cheval a été classé au monument historique en 1969 par André Malraux. Quant à la maison Picassiette, elle a été labellisée au "Patrimoine du XXe siècle". Chacune d’entre elle a eu la reconnaissance d’artistes à travers le monde et est une belle preuve d’art naïf ou brut.
Du côté de Ferdinand Cheval, il a été une source d’admiration pour les surréalistes, mais aussi d’inspiration pour de nombreux artistes. Du côté de Raymond Isidore, il a eu la chance de rencontrer Picasso en 1954 et d’être photographié en 1956 par Doisneau.
De beaux parcours pour ces deux autodidactes qui encore aujourd’hui nous inspirent à travers leurs jardins secrets ! Alors, qu’attendez-vous pour pousser la porte de la maison Picassiette à Chartres ?